Avec le clown, rester vivant jusqu’à la mort
"Oser jouer avec ce qui est là"
Bertil SYLVANDER (Bataclown)

Symphorine et Justin poussent lentement la porte et se retrouvent dans une chambre sombre et silencieuse. Jocelyne est allongée sur son lit, tout près de l’entrée. Les clowns s’approchent. Une musique slave baigne l’atmosphère et nous voici transportés dans l’hiver et les montagnes russes… Justin entonne doucement un chant slave… L’animatrice avait prévenu : Jocelyne a les yeux fermés. Elle est dans son monde. Pour combien de temps en a-t-elle ?
Après un moment, les clowns vont vers l’autre lit, celui de Mme Flamant et jouent avec les fleurs de son dessus de lit. A ce moment, Jocelyne, qui avait l’air si endormie il y a quelques secondes encore, lève la tête lentement et regarde le jeu des clowns… Voilà. Ca suffit. L’intérêt est là et bien là. Jocelyne est vivante et s’intéresse au monde. Cette histoire de Russie et de fleurs l’a peut-être intriguée ? Que s’est-il passé dans sa tête ? En tous cas, elle est là, avec nous.

Cette situation, vécue par tant de clowns hospitaliers, nous l’avons vécue récemment lors d’un stage "Clown en milieux de soins", dans le cadre d’un Centre Hospitalier – EPHAD*. Elle témoigne d’une simple réalité : jusqu’aux derniers moments de la vie, la vie est pleinement là. Le jeu des clowns en témoigne et l’encourage. Il faut la voir, y croire et en jouer. C’est là l’enjeu principal des gens concernés, résidents et familles, des personnels et bien sûr des clowns…
* Ce stage a eu lieu en décembre 2014 dans un établissement hospitalier, avec 10 acteurs clowns actifs dans ce secteur. Il était co-animé par P. Gondebeaud et B. Sylvander, du Bataclown. On ne peut évidemment pas, dans le cadre de cet article, rendre compte de toute la richesse humaine des échanges de la semaine. Le lecteur voudra bien les imaginer, tout au long des exemples résumés racontés ici. Un grand merci aux patients et résident, ainsi qu’aux acteurs qui se reconnaîtront et dont j’ai préservé l’anonymat. Quant aux noms des résidents, ils ont bien sûr été modifiés.
Contact : Bataclown - www.bataclown.com