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Prof.d’arts plastiques

clown ou ’’vise-vers-ça’’... ?

par Marie-Claire Avesque

Jusqu’où peut-on être prof ’’dans son clown’’ en classe ?

Depuis longtemps, j’enseigne les Arts Plastiques en collège... sans trop de vagues... sauf à l’âme, les jours où, manquant d’énergie, j’affronte l’inertie des ados, leur résistance face à l’adulte ennemi, leur trop plein de tensions qui sort dans le bruit des bavardages anarchiques, le manque de concentration, l’agressivité... Ce que l’on sait, oui, mais trop justement, rabâché sans cesse. Stop !! J’ai envie d’autre chose !
Récemment, à titre privé, j’ai découvert la pratique du Théâtre en atelier, puis le Clown... Depuis j’ai compris que non seulement le corps en mouvement, la respiration, la voix, le regard, l’écoute sont des ’’outils’’ de création mais que si on apprend à jouer avec, paradoxalement, la vie quotidienne et la relation aux autres deviennent plus simples, sonnent plus juste.
En classe, des petites choses dans ma façon d’être changent : je sais mieux écouter les élèves, leur faire confiance, gagner la leur aussi, ma force de conviction vient plus naturellement, la fantaisie et le rire sont plus présents en classe, bref, je suis plus libre ! Puisque ’’chercher son clown’’ développe la conscience de soi et des autres, et donc l’ouverture au monde, comment exploiter davantage ces bénéfices dans l’enseignement ? Faut-il ouvrir des temps de ’’découverte de son clown’’ pour les élèves ? Proposer, très sérieusement, des stages aux profs ? Comment, au sein des établissements scolaires, ouvrir l’espace dans lequel on puisse mettre réellement en jeu les émotions pour que se déploient la créativité et l’imagination ? Les cours d’arts plastiques devraient servir à ça, oui, mais à l’heure actuelle seule une petite frange d’élèves vit l’école et la comprend, les autres la subissent.
De mon côté, je vais poursuivre la découverte de ma clown et jouer avec. Cela va certainement m’inspirer dans la suite à donner au contenu de mon travail. J’ai envie de trouver des ponts entre les parallèles de la pratique du Clown et celle du Plasticien. Tous deux donnent à voir des formes, couleurs, contrastes, nuances, rythmes, du plus petit au plus grand, dans un espace donné en s’interrogeant sur ce qui touche, qui donne du sens. Etirer des pistes, développer des propositions... c’est un travail d’essais, de tentatives, d’expériences. Le plasticien joue avec la matière qu’il met en scène, le clown se met en scène directement mais il s’agit toujours d’extraire du sensible, du vivant.