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L’étrange "effet miroir" produit par les clowns

Etude de cas

Dans les réunions professionnelles :
Jean Bernard BONANGE (Bataclown)

Rosalie (Chris Rosier)
et Pissenlit (Jean Bernard Bonange)
Rosalie (Chris Rosier) et Pissenlit (Jean Bernard Bonange)
En intervention sociale, que ce soit à l’hôpital ou dans une assemblée professionnelle, les clowns ne viennent pas pour se montrer mais pour regarder. Ils rencontrent des gens qui sont là pour se soigner ou travailler, et ne sont pas venus pour les voir ! Ce sont les clowns qui leur rendent visite, introduisant leur présence décalée et leur "point de vue" au cœur de ce milieu social. La question des regards réciproques et de la relation clowns- public se pose donc autrement qu’en spectacle. Certes, l’arrivée des clowns dans ces lieux ouvre une "autre scène" que la scène sociale habituelle, qui introduit du "spectaculaire" et transforme les participants en "public" et même en "partenaires". Mais l’enjeu de cette relation est d’abord "spéculaire" : les clowns deviennent une surface projective, une sorte de "miroir" renvoyant une image à la fois empathique (donc proche) et déformée (donc distanciée).

Ce processus vivant est difficile à analyser. Dans l’entretien qui précède, Mimi Lou Duuez l’a éclairé par son témoignage d’actrice-clowne intervenant dans des réunions de travail*. Chaque fois, le "public" y sent que l’acte créatif des clowns se fait "à chaud", devant lui, pour lui et avec lui ! Et leur jeu ne prend de sens qu’à la condition que ce public spécifique, se reconnaisse et se découvre dans le miroir de leurs improvisations. On peut donc parler d’un "effet miroir" qui se produit au cours du jeu. Mais se prolonge-t-il après la sortie des clowns, à l’image des ronds dans l’eau après un ’impact" ?
Pour un travail de thèse universitaire, j’ai eu l’occasion de mener des entretiens à la suite d’interventions des "Clownanalystes du Bataclown" **. Je vais reprendre ici des extraits d’une analyse de cas qui, cette fois, va déporter le lecteur du côté du "public", à l’écoute d’une responsable d’organisation, et dans une démarche de recherche.***

* Les réunions de travail où interviennent les duos de Clownanalystes du Bataclown concernant des effectifs de "public" très variés allant d’une vingtaine à plus de 3000 participants, les plus fréquents se situant sur toute l’échelle des centaines de personnes.

** Au delà du succès que rencontre cette compagnie depuis 25 ans, il était intéressant de recueillir le point de vue du "public" dans sa diversité : organisateurs, orateurs, simples participants de ces assemblées où s’étaient produits des clowns. Bonange J-B., 1998, Le clown, intervenant social. Le miroir du clown dans les réunions institutionnelles, Thèse de doctorat en sciences de l’éducation, Université de Toulouse Le Mirail.

*** De plus en plus d’étudiants et de professionnels en formation choisissent des thèmes de Mémoires et de travaux de recherche en rapport avec le clown, trouvant dans les numéros de Culture clown des références précieuses.