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Disponibilité et émergence de l’imaginaire

Le travail du clown dans la formation de travailleurs sociaux

par Odile Grippon

Odile Grippon
Odile Grippon
Un collègue formateur m’a raconté l’anecdote suivante. Un étudiant éducateur travaillait dans un foyer pour adolescents. L’un d’eux fuguait dès qu’il en avait l’occasion et, à chaque fois, les éducateurs couraient derrière lui dans le parc : c’était l’horreur, l’angoisse permanente, il fallait toujours avoir l’œil sur lui ! Un jour, un éducateur sortit à sa suite, en courant pour le rattraper. Ils couraient depuis un moment tous les deux quand le jeune garçon s’arrêta essoufflé. L’éducateur passa devant lui et lui lança : "alors, le footing ? c’est fini pour aujourd’hui ?". Cette réflexion surprit bien entendu l’adolescent et désamorça le rapport de force qui s’était installé entre l’équipe éducative et lui ; ils rentrèrent ensemble au foyer en discutant tranquillement.

Bien sûr cette attitude n’a pas résolu la question des fugues de façon magique, mais elle a pu introduire un élément nouveau dans les réponses apportées par les éducateurs. L’adulte a surpris le jeune tout en se surprenant lui-même : nous sommes là bel et bien dans un rapport à l’imprévu que vivent les travailleurs sociaux au quotidien avec la nécessité qui l’accompagne de réinventer constamment des réponses nouvelles aux comportements répétitifs des enfants, adolescents ou adultes qu’ils accompagnent.
Cette anecdote évoque pour moi le clown et l’improvisation : nous y retrouvons le décalage et la surprise qu’offre le personnage. C’est pour cette raison que j’ai eu envie dans mon parcours de transmettre le travail du clown aux étudiants éducateurs et autres travailleurs sociaux...