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Clowns face au monstre de la violence en Colombie

Pour passer des larmes aux rires

Ana Milena VELASQUEZ ANGEL (Professeur à l’ Université d’Antioquia, Colombie)

Il est fondamental de comprendre que c’est le contexte particulier de la Colombie qui a incité le clown à renaître dans plusieurs domaines : les clowns de la thérapie du rire à l’hôpital, les clowns humanitaires, les clowns "héros", les clowns du cirque social et les formations de clowns dans le contexte universitaire. Le surgissement d’une grande quantité d’artistes clowns acteurs sociaux est lié à la préoccupation d’agir pour la population enfantine et jeune du pays. La combinaison de la pauvreté, la guerre urbaine, le conflit armé et le trafic illégal de drogues a dévasté la jeunesse colombienne et la population en général. Cela a abouti à une militarisation croissante de la société. La guerre en Colombie est aussi une guerre contre les enfants. Les jeunes sont forcés d’entrer dans les rangs des groupes combattants, marqués et expulsés des foyers. Toutes les parties du conflit sont responsables de la mort, de la mutilation d’enfants et de petites filles. Les enfants subissent aussi des morts violentes comme résultat de la culture de délinquance et de violence qui a évolué en Colombie en grande partie à cause du lien entre le conflit armé, le trafic illégal de drogues et la prolifération d’armes. Le groupe Pasos de payasos (Marche des clowns) s’adresse aux enfants dans les zones de conflit. Le cirque social forme aux techniques de cirque des enfants entourés de violence en banlieue, et certains seront des clowns tels les "clowns héros" qui, sans aucun soutien institutionnel, vont faire rire les enfants victimes du déplacement forcé. Quant à l’université, elle ouvre des programmes de formation pour les clowns*. Tout ceci contribue à une revalorisation des jeunes et des enfants… et à une renaissance de l’art du clown ! * Depuis 2006, l’université d’Antioquia, une des universités les plus importantes d’Amérique latine, offre un "diplôme de clown" : 160 heures de formation pour les personnes qui veulent se qualifier dans l’art clownesque. Depuis, une centaine d’artistes participent à des processus artistiques, culturels et sociaux dans le pays.

Contact : Ana Velasquez Medellin (Colombie)