L’origine de la création en clown se situe inévitablement dans l’avènement d’un personnage de clown porté par l’acteur. Disons que la création commence par une fécondation et une gestation, d’où notre choix d’illustration en couverture… Et cette créature, loin de se soumettre aux désirs de l’acteur, tend à s’imposer à lui. En effet, chaque clown naît profondément d’une personne singulière qui se doit d’en assumer la fiction. Le comédien travaille, le clown vit et, à cet égard, exige du respect (comme tout personnage d’ailleurs). Mais la façon de vivre propre au clown risque de poser de gros problèmes à son créateur ! Etant par nature en conscience aiguë de la réalité du monde, comment le clown peut-il se soumettre aux artifices de la mise en scène… si ce n’est en jouant avec ? Etant par nature prompte à saisir l’événement surgissant, comment peut-il dérouler une partition établie… si ce n’est en restant disponible à l’improvisation ? Et pourtant, venir au centre de la scène, c’est être porteur d’une fable inscrite dans un langage, incarnée dans une forme aboutie. Mais alors, comment ne pas enfermer le clown dans les pièges du numéro ou de la convention théâtrale ? L’imprévisibilité et l’étonnement propres au clown, sa relation directe avec le public, son goût immodéré pour le jeu - à la vie, à la mort - et pour le jeu de la vérité… rendent complexe sa mise en scène !
Par son étrangeté familière et comique, par sa dimension poétique/politique si particulière, par son regard révélateur, à la fois complice et dérangeant, le clown occupe une place spécifique sur la scène contemporaine. Les structures culturelles s’ouvrent enfin à la création clowne, en particulier grâce à la multiplication des festivals qui lui sont dédiés. Aux pro-créateurs de clowns de relever le défi !