Jean KERGRIST (Théâtre Populaire Portatif)
Trois images de clowns en intervention dans des contextes politiques précis (deux plus populaires -
"à la base" - un autre plus élitiste - "au sommet") à découvrir dans cette rétrospective en trois articles.
Les deux premiers clowns - le "clown atomique" (Jean Kergrist) en 1975 et "Pissenlit" (Jean-Bernard Bonange) en 1979 - s’invitent dans l’entre-deux de manifestations protestataires en France. La troisième clowne - "Hana" (Gardi Hutter) en 1991 - est invitée dans l’antre dur du Parlement fédéral en Suisse.
Des contextes différents mais, pour ces trois acteurs défricheurs, une façon commune de poser le clown contemporain comme successeur du Fou du roi sur les lieux mêmes de la vie démocratique ! Regards sur des actions de théâtralité clowne à forte valeur symbolique.

En 1975, Jean Kergrist va donner un coup de main aux premiers opposants au surgénérateur de Creys-Malville. Le Ministre de l’Industrie de l’époque, maire d’une ville balnéaire de Basse Normandie, sert alors de tête de Turc. Traînant une vieille carriole dans laquelle il entasse des objets aussi hétéroclites qu’une vieille cuvette, des tapettes à souris, un tuyau à gaz, un pulvérisateur, qui lui servent à illustrer ses railleries, il tourne en dérision les propos du Ministre, déclenchant le rire des spectateurs. De là naît un véritable spectacle et le nom de "Clown atomique".
Le projet d’implantation d’une centrale nucléaire près de la pointe du Raz au printemps 1980 fait monter le Clown atomique en puissance : il participe aux manifestions à Plogoff. Il joue devant et pour les CRS : des rouleaux de papier peint lui servent de registres d’enquête d’utilité publique et à rédiger des diplômes qu’il glisse sous les bras des CRS : "Tout garde mobile qui conserve son diplôme sera exempté de pavés dans la figure". La scène est même filmée dans "Des pierres contre les fusils".