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Le clown, l’enfant et le parent détenu

"Surtout tu attends 10 minutes après l’arrivée des pères et ensuite tu fais ton entrée…"

Interventions en prison
Anissa BENCHELAH - (actrice-clown intervenant en prison (REP), à l’hôpital (Théodora) et en "clown et sciences" (Les Atomes crochus).

Jour de la fête des pères. Un papa est assis sur la pelouse, sur ses jambes étendues, celles de sa fille. Il lui coupe soigneusement les ongles des pieds. La scène se déroule sur le terrain de sports entre les bâtiments de la Maison d’arrêt des hommes de Fleury Mérogis. Un geste paternel de soin à son enfant, anodin en apparence, insolite au milieu des bâtiments de la détention. Le lien est là, il est simple. Seul le décor change, et c’est ce détail qui rend la scène si émouvante. Il y a des moments comme ceux-là, où sous le nez rouge, je me sens toute chose… Lorsqu’on m’a proposé d’intervenir en prison, j’ai tout de suite accepté avec enthousiasme. J’ai senti l’anxiété beaucoup plus tard, à mesure que la date approchait. Je joue en hôpitaux pédiatriques avec l’association Théodora depuis 2008 et c’est une de mes collègues clown qui m’a recommandée auprès de l’association Relais Enfants Parents Ile de France1. J’ai fait ma première intervention en prison à la période de Noël 2008.

Cet essai a été concluant et je me suis découverte capable de déployer mon univers intérieur entre ces murs. Ma formation au jeu de clown en hôpitaux pédiatriques m’a été utile pour jouer dans le cadre de la détention. Grâce aux partages d’expériences de mes collègues et aux briefings d’Emmanuel Gallaud responsable du REP, j’ai trouvé mes marques. Il n’existe pas à ma connaissance de formation spécifique à ces lieux d’intervention. Un élément qui m’aide, pour que l’actrice sous le nez soit libre, c’est de ne pas connaître le motif d’incarcération des détenus. Je ne connais pas à l’avance l’histoire familiale. Je découvre donc des personnes humaines au présent, sans étiquette.