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Publications

Culture Clown n°13

Juillet 2007

Clown et formation
L’effet clown

  • SOMMAIRE

    Juillet 2007

    Clown et formation L’effet clown

    SOMMAIRE n°13

    Édito : L’effet boomerang. (J.B. Bonange)

    Formation DE clowns

    • Le clown dit à l’acteur : t’es pas cap ! Devenir sculpteur de ce qui a surgi.
      Interview d’Anne Cornu et de Vincent Rouch (B. Forêt)
    • On construit le clown en suivant ses élans. Trouver la liberté de jeu.
      Interview Michel Dallaire (M. Andreolletti)
    • Tous les chemins mènent-ils au clown ? Essai sur les effets des pédagogies. (B. Sylvander)
    • Jeune clowne au cirque Starlight. De l’école de cirque à la piste.
      Interview de Marie-Andrée Lemaire (C. Oudart)
    • Formation de clowns à l’hôpital au Brésil.
      Des étudiants de théâtre confrontés au travail du clown. (A. Achar)
    • L’innocence consciente du clown à l’hôpital.
      Vivre l’être là et le renouvellement. (N. Pons)

    Formation PAR le clown

    • Le clown s’invite à la Fac. Petits et grands effets chez les étudiants. (J. Ceyte)
    • L’art du ricochet. Un module clown pour élèves-infirmiers. (B. Forêt)
    • Prof.d’arts plastiques. Clown ou ’’vise-vers-ça’’... ? (M.C. Avesque)
    • S’ouvrir à l’inconnu à l’inconnu, comme en impro !
      Travail du clown dans la formation des éducateurs. (O. Grippon)
    • Des clowns pour venir aider des professionnels de l’aide ? (T. Van Lede)
    • Une qualité d’être avec.
      La "mise en jeu" et la formation des travailleurs sociaux. (S. Wasniewski)
    • Nos ressources sont à l’intérieur de nous.
      Des ateliers clown en formation professionnelle. (D. Berret)
    • Pitié ! Laissez moi vivre ! (B. Sylvander)

      - Se laisser surprendre par soi-même.
      Stages de clown pour dirigeants d’entreprise. (C. Kohler)

    • L’effet clown, l’effet Clownenroute.
      Pratique artistique et institutionnelle dans le secteur du handicap mental.
      (F. Dessinge, M. Kerloch, C. Tessier)
    • Paroles d’acteurs clowns “intérieurs” (Recueillies par Lili PICOT)
  • Edito

    L’effet boomerang

    Depuis ses débuts, Culture clown tente de saisir le clown contemporain sur quatre terrains où il se développe : la formation, la création, l’intervention sociale et l’interculturel. La plupart de nos dossiers couvrent ces quatre champs de pratiques. A contrario, certains numéros sont ciblés sur un seul. Ce fut le cas avec le N°7 ("l’intervention sociale des clowns") et le N°9 ("clown et création"), et c’est le cas ici avec ce dossier "clown et formation". Déjà ce titre porte un vrai paradoxe. D’une certaine façon, l’essence même du clown - non-conforme, non-formaté - inciterait plutôt à parler de déformation tant il est vrai qu’incarner un clown demande de changer de forme ! En fait, le travail du clown invite à s’ouvrir au jeu, à se mettre en jeu, ce qui passe par une trans-formation !

    Mais de quelle formation parlons-nous ? La première partie du dossier s’intéresse à la "formation DE clowns" quand il s’agit de devenir clown (au théâtre, au cirque, à l’hôpital...), ce qui passe par un engagement de l’acteur dans une expérience singulière, créative et exigeante. La seconde partie concerne la "formation PAR le clown" quand la pratique du clown représente un passage (d)étonnant lors d’une formation professionnelle ou personnelle (à l’Université, dans les écoles d’infirmiers ou de travailleurs sociaux, dans les grandes écoles, les entreprises... ou les établissements pour personnes handicapées mentales).
    Ce dossier donne surtout la parole aux "formateurs", ces passeurs qui organisent et accompagnent l’expérience clownesque,. mais la parole des "formés" y est présente comme témoignages recueillis par les premiers ou placés en parallèle. Au delà des effets attendus dans toute activité d’expression, leurs propos tentent d’éclairer ce que l’effet clown a de profondément spécifique.

    Finalement, quelque soit le cadre de ce cheminement avec et vers le clown, un même processus est engagé que nous appellerons l’effet boomerang. Se lancer dans le clown, c’est se confronter au retour du clown en soi. Encore faut-il le lâcher ! L’entrée dans le masque nous propulse dans un voyage vers l’être clown qui nous ramène à nous-même : le nez rouge entre en nous ! Le retour du boomerang met en cause nos conformismes et nous ouvre à l’authenticité de la présence. L’énergie du jeu vers l’extérieur nous branche à l’intérieur.
    Il s’agit alors de bien ajuster notre lancer pour qu’il revienne au cœur de notre humanité. Ni le perdre loin de nous dans une forme de clown stéréotypée, ni se prendre un retour destructeur sur la tronche ! D’où l’importance des conditions de la mise en jeu. Alors découvrez dans ce numéro estival les règles du jeu du clown boomerang !


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  • Formation DE clowns

  • Le clown dit à l’acteur : t’es pas cap !

    Devenir sculpteur de ce qui a surgi

    Interview d’Anne Cornu et de Vincent Rouch -
    par Béatrice Forêt

    Co-fondateurs de la Compagnie du Moment (en région parisienne), Anne Cornu et Vincent Rouche consacrent une part importante de leur temps à la pédagogie, la direction d’acteur et la mise en scène. Leur création clown 2006, avec Eric Lyonnet, comédien et musicien, s’intitule "Come fly with me". Leur recherche sur le clown allie l’essence du clown à la singularité de la personne, la rigueur technique à la profondeur d’un travail sur la sensation, l’émotion, "dans l’intimité de l’instant" où "le clown précipite l’acteur en lui-même". Ils se sont prêtés au jeu des questions "par correspondance" que leur a adressées Béatrice Forêt au nom de l’équipe de rédaction.

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  • On construit le clown en suivant ses élans

    Trouver la liberté de jeu Interview Michel Dallaire

    par Myriam Andreolletti

    Michel Dallaire
    Michel Dallaire
    Michel Dallaire, drôle de bonhomme, discret et si présent ! Il sait combiner ces deux qualités sur le terrain du clown en France. C’est un défricheur, un autodidacte éclairé et passionné par le clown. Il vient du Québec, a connu les années 70 et l’engagement du théâtre de rue et du cirque (avec notamment les débuts du Cirque du Soleil). Clown, formateur, on le trouve depuis quelques années dans les Cévennes, à Saint Sébastien d’Aigrefeuille près d’Alès. Il fait partie du Hangar des Mines, un collectif qui a fondé un lieu de création et de formation clown. Il a été metteur-en-scène des cirques Archaos et Gosh. Depuis 1990, il a monté sa propre compagnie "Contre pour" et a beaucoup tourné "Les Hommes en Noir"1 puis "London Philarmonica Orchestra", spectacle clownesque. Aujourd’hui, il cumule les mises en scène (Daphné Clouseau, Circologium, Los Galindos) et les formations.
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  • Tous les chemins mènent-ils au clown ?

    Essai sur les effets des pédagogies

    par Bertil Sylvander

    L’engouement actuel pour le travail du clown, dont nous nous sommes fait l’écho dans le numéro 11 de cette revue, amène beaucoup de gens à participer aux stages, de plus en plus nombreux, qui sont proposés ça et là. Après de grands précurseurs comme Lecoq, plusieurs compagnies ont initié ce mouvement, dont le Bataclown en 1980. Cette demande de formation est le fait de personnes qui veulent "trouver leur clown" et qui, parfois, font confiance à une seule "école" et, parfois, vont de stage en stage, en espérant glaner les éléments qui leur permettent de construire peu à peu leur personnage et maîtriser les techniques de l’acteur clown. Culture Clown s’est déjà fait l’écho de ces diverses approches et devient de ce fait un lieu d’échanges utile à tous dans un monde où des choses importantes restent parfois non dites1 Je voudrais ici continuer cette démarche en m’interrogeant sur le sens de diverses approches de la pédagogie de ce travail et en tentant d’examiner l’effet sur les personnes, les acteurs et … les clowns eux-mêmes ! Cet exercice peut enrichir et faire rebondir le débat que nous encourageons dans cette revue. Voici donc un essai de comparaison de deux approches polaires au travail de clown et de leurs effets.
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  • Jeune clowne au cirque Starlight

    De l’école de cirque à la piste

    interview de Marie-Andrée Lemaire par Claire Oudart

    La clowne Céline( Marie-Andrée Lemaire)
    La clowne Céline( Marie-Andrée Lemaire)
    La Dynastie Gasser est l’une des plus anciennes familles du cirque de Suisse. D’abord les spectacles se réalisent en plein air et, en 1949, le premier chapiteau est acquis. En 2002, Johnny Gasser revient de Montréal où il a suivi l’Ecole Nationale du Cirque et apporte une approche plus moderne, plus théâtrale. Le spectacle 2007, mis en scène par Yves Dagenais, a pour thème le squat : un entrepôt désaffecté où des voyageurs errants vont, viennent et forment une vraie tour de Babel des temps modernes où se mêlent cultures, langues et philosophies de vie. SQUAT rassemble des artistes venant de Suisse, du Québec, des Etats-Unis, de Chine, du Kazakhstan qui interprètent dans un rythme d’enfer un spectacle plein de jeunesse, de poésie et d’humour. J’y ai rencontré la québécoise Marie-Andrée Lemaire qui est la clowne de SQUAT et qui joue avec un partenaire suisse, Konrad Utzinger. Elle est sortie de l’Ecole Nationale du Cirque de Montréal où elle a été formée en clown par Yves Dagenais.
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  • Formation de clowns à l’hôpital au Brésil

    Des étudiants de théâtre confrontés au travail du clown

    par Ana Achar

    Le Programme ENFERMARIA DO RISO se développe dans les écoles de Théâtre et de Médecine de l’Université de Rio de Janeiro (UNIRIO) au Brésil depuis 1999. Il intègre des actions artistiques, sociales, de formation et de recherche scientifique. En bref, l’étudiant de théâtre suit une formation spécifique d’acteur clown dans le service pédiatrique de l’hôpital universitaire. Ce sont des "clowns-infirmiers" qui ont pour but de transmettre, dans les rapports établis avec les gens, l’expérience de l’humour en milieu hospitalier, ceci en renforçant surtout la qualité humaine de ces rencontres. Le Programme est né d’une forte demande d’étudiants de théâtre qui cherchaient de nouveaux lieux pour pratiquer leur art et, en coopération avec l’École de médecine, vingt cinq pour cent des élèves de toute l’Ecole de théâtre se sont présentés au premier cours. Après sept ans d’expériences, on peut pointer trois exigences du travail du clown à l’hôpital pour les étudiants de théâtre : faire un choix, découvrir leur vocation et suivre la formation.
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  • L’innocence consciente du clown à l’hôpital

    Vivre l’être là et le renouvellement

    par Nadine Pons

    Roudoudou (Nadine Pons) et Chocolat (Pierre Di Prima)
    Roudoudou (Nadine Pons) et Chocolat (Pierre Di Prima)
    A quoi correspond l’effet clown à l’hôpital ? Lors de mes dernières interventions, des liens entre formation et situation d’hôpital me sont apparus et j’ai eu envie de vous les faire partager. En ce moment, plusieurs enfants sont en soins palliatifs dans le service. Jeudi dernier, la petite princesse Sandra, 4 ans, est partie sur l’autre rive… Suivant les jours, l’air que nous respirons a le goût de la tristesse, de l’anxiété, de la souffrance, parfois le vent semble venir d’ailleurs, comme le vent du Sahara qui, à la fois, recouvre tout de son ocre et a le parfum de l’espoir, le goût de la vie, alors nous sommes prêts à rire, prêts à faire vivre autrement l’hôpital... Nous rencontrons souvent des familles dans l’angoisse, des enfants dans la colère ou le repli et, tout à côté, des familles en attente de vie, prêtes à provoquer les clowns et le rire, ce rire libérateur qui nettoie, revivifie et ré-anime. Les clowns arrivant dans le service s’imprègnent de ces affects et accompagnent, transforment… Ils sont tour à tour poétiques, musicaux, tristes, explosifs, décalés... Ils sont à la fois les fous du roi, les Pierrots de la lune, les magiciens, les petits princes de la rencontre... Alors, comment nous, les acteurs, nous y préparons-nous et comment en ressortons-nous ?
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  • Formation PAR le clown

  • Le clown s’invite à la Fac

    Petits et grands effets chez les étudiants

    par Jacqueline Ceyte

    Enseignante en EPS (éducation physique et sportive) au SUAPS de l’Université Paris III, depuis 1983 j’y transmets plusieurs pratiques d’expression dont "Expression Clown". A l’ère jurassique, je vécus l’aventure du G.R.E.C (Groupe de Recherche en Expression Corporelle) pilotée par Jean-Bernard Bonange en grand dinosaure. A l’ère du crétacé, ce fut le groupe des "Clowns-femmes" initié par Anne-Marie Bernard la sage femme (voir Culture Clown n° 5). A Censier, les étudiant-e-s des différents cursus peuvent suivre cet enseignement soit en pratique libre soit au titre d’une U E O1 (choisie essentiellement par les étudiant-e-s en Théâtre). L’Expression Clown se déroule en stage intensif sur 8 jours (50h) pour les deux premiers niveaux, puis ce sont des ateliers hebdomadaires.
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  • L’art du ricochet

    Un module clown pour élèves-infirmiers

    par Béatrice Forêt

    Mme Zita (Béatrice Forêt)
    Mme Zita (Béatrice Forêt)
    Pour aborder le thème de "l’effet clown", j’ai choisi de scruter une expérience récente : une formation "par le" clown, que j’ai menée dans un Institut de Formation en Soins Infirmiers du sud de la France. Effets recherchés et effets surprises d’une session riche en découvertes. Regard oblique du clown vers une profession "sur le fil".
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  • Prof.d’arts plastiques

    clown ou ’’vise-vers-ça’’... ?

    par Marie-Claire Avesque

    Jusqu’où peut-on être prof ’’dans son clown’’ en classe ?

    Depuis longtemps, j’enseigne les Arts Plastiques en collège... sans trop de vagues... sauf à l’âme, les jours où, manquant d’énergie, j’affronte l’inertie des ados, leur résistance face à l’adulte ennemi, leur trop plein de tensions qui sort dans le bruit des bavardages anarchiques, le manque de concentration, l’agressivité... Ce que l’on sait, oui, mais trop justement, rabâché sans cesse. Stop !! J’ai envie d’autre chose !
    Récemment, à titre privé, j’ai découvert la pratique du Théâtre en atelier, puis le Clown... Depuis j’ai compris que non seulement le corps en mouvement, la respiration, la voix, le regard, l’écoute sont des ’’outils’’ de création mais que si on apprend à jouer avec, paradoxalement, la vie quotidienne et la relation aux autres deviennent plus simples, sonnent plus juste.
    En classe, des petites choses dans ma façon d’être changent : je sais mieux écouter les élèves, leur faire confiance, gagner la leur aussi, ma force de conviction vient plus naturellement, la fantaisie et le rire sont plus présents en classe, bref, je suis plus libre ! Puisque ’’chercher son clown’’ développe la conscience de soi et des autres, et donc l’ouverture au monde, comment exploiter davantage ces bénéfices dans l’enseignement ? Faut-il ouvrir des temps de ’’découverte de son clown’’ pour les élèves ? Proposer, très sérieusement, des stages aux profs ? Comment, au sein des établissements scolaires, ouvrir l’espace dans lequel on puisse mettre réellement en jeu les émotions pour que se déploient la créativité et l’imagination ? Les cours d’arts plastiques devraient servir à ça, oui, mais à l’heure actuelle seule une petite frange d’élèves vit l’école et la comprend, les autres la subissent.
    De mon côté, je vais poursuivre la découverte de ma clown et jouer avec. Cela va certainement m’inspirer dans la suite à donner au contenu de mon travail. J’ai envie de trouver des ponts entre les parallèles de la pratique du Clown et celle du Plasticien. Tous deux donnent à voir des formes, couleurs, contrastes, nuances, rythmes, du plus petit au plus grand, dans un espace donné en s’interrogeant sur ce qui touche, qui donne du sens. Etirer des pistes, développer des propositions... c’est un travail d’essais, de tentatives, d’expériences. Le plasticien joue avec la matière qu’il met en scène, le clown se met en scène directement mais il s’agit toujours d’extraire du sensible, du vivant.


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  • S’ouvrir à l’inconnu, comme en impro !

    Travail du clown dans la formation des éducateurs

    par Odile Grippon

    Formatrice depuis quelques années auprès de travailleurs sociaux, j’ai pu expérimenter, observer, comprendre, entendre ce que le personnage du clown-théâtre pouvait leur offrir. J’avais l’intuition, pour l’avoir vécu moi-même sans pour autant être immédiatement en capacité de le mettre en mots, que ce travail spécifique d’acteur, était particulièrement riche et fructueux pour les personnes exerçant un métier de relation A travers mon parcours professionnel, associé en parallèle à une pratique de clown toujours présente, j’ai pu mesurer les effets de ce travail et peut-être encore plus de ce personnage ! J’oserais dire qu’avec lui, un autre regard sur le monde est possible, et qu’il peut transformer une façon d’être à ce monde, sachant qu’il s’agit bien toujours d’être clown et non de faire le clown...

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  • Des clowns pour venir aider des professionnels de l’aide ?

    par Thierry Van Lede

    Je n’arrive même plus à me souvenir comment avait germé cette idée de clown… Pourquoi un jour avais-je eu l’idée de trouver des clowns pour venir aider des professionnels de l’aide ?...

    Ma connaissance du cirque s’arrêtait à "la piste aux étoiles" présentée par Roger Lanzac, avec une musique qui m’impressionnait et des numéros que je trouvais ennuyeux : les équilibristes faisant tourner des assiettes, des magiciens avec leur assistante souriante en tenue pailletée, les fauves qui montaient, descendaient, grognaient un peu lorsque le dompteur faisait claquer le cuir de la chambrière, les chiens et les otaries savantes et les clowns. Ça c’était à la télé en noir et blanc. En vrai, lorsque le cirque passait dans la ville, s’installait au champ de foire, nous, on allait juste voir la ménagerie avec des animaux en cage. Ça sentait pas bon, ça je m’en souviens.
    Rien qui ne me prédestinait à recourir aux services de clowns. Le blanc comme un adulte sérieux, l’auguste attendrissant et exaspérant comme le cancre, réussissant à se sortir des situations difficiles, même lorsque la partie semblait perdue. Peut-être que, malgré l’exaspération, la victoire de l’innocent sur les autres me procurait un réconfort.
    Quelques années plus tard, j’ai croisé d’autres clowns dans un colloque lorsqu’ils ont pris le parti de raconter autrement des choses sérieuses. Zouc avait aussi laissé une trace de clown. Les Deschamps et leur troupe aussi. Dans ces clowns, il y avait la mise en doute d’un discours si bien tenu et l’idée que, malgré le sérieux des choses, il y a de la place pour autre chose, autrement. Quel a été le chemin parcouru pour faire surgir l’idée de demander de l’aide à des clowns ? Je n’en sais rien.
    Pourtant, c’est bien moi qui avais eu cette idée bizarre de demander à des clowns de montrer à des professionnels comment changer de point de vue sur une situation qui leur semblait impossible. Je savais bien que cette idée était "originale" comme lorsque l’on parle d’une personne "originale" pour ne pas dire "zinzin" ou "folle". Une idée engageante car une partie importante du budget de formation était consacrée à ce pari. Une idée dérangeante car il ne s’agissait pas de faire un spectacle de clowns mais d’accompagner des professionnels pour qu’ils intègrent d’autres façons de voir les situations de travail. Une idée risquée car proposer à des clowns de venir régulièrement pour modifier le regard porté sur sa façon de travailler, cela pouvait signifier que le travail que l’on faisait n’était pas sérieux.

    Ainsi, alors que les "Trois Rossignols" séjournaient depuis plusieurs mois dans l’établissement (dans lequel j’occupais une fonction de direction), il m’avait fallu faire un rappel à l’ordre ; en effet, n’y avait-il pas un message sous-jacent dans cet appel au clown, un appel à remettre en cause les règles de fonctionnement, n’était-ce pas un appel à la révolution que j’avais moi-même provoqué. Contradiction entre cette volonté d’ouvrir, de faire courir de l’air nouveau et ce qui pouvait être compris comme une autorisation au laisser aller. Les clowns davantage qu’un risque, étaient un moyen d’illustrer ce que j’allais écrire pour expliquer qu’apprendre à "devenir clown" et "faire le zèbre" ce n’était pas la même chose. Au lieu d’une note de service, un texte pour donner du sens à cette présence des clowns : difficile chemin à emprunter entre le permis et l’interdit. Difficile chemin à trouver entre l’engagement et le renoncement.
    Pendant trois années, les professionnels ont pu emprunter ce chemin et s’entraîner à tenir cet équilibre. Il a fallu du temps pour rendre l’idée "originale" simplement "utile" : le parcours de certains leur a permis de montrer du doigt le nez rouge imaginaire, code permettant à ces partageurs de prendre une respiration, un souffle pour poursuivre leur travail.
    Au-delà de ce qui a pu être engagé, et de cela seuls les clowns peuvent en dire quelque chose, ce code témoigne ce qui était à l’origine de cette idée "dingue" de faire venir des clowns : quitter la piste circulaire - tourner en rond - pour aller voir ailleurs ce qui s’y passe. Et de ce point de vue là, le pari a été gagné grâce aux clowns.


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  • Une qualité d’être avec

    La "mise en jeu" et la formation des travailleurs sociaux

    par Sylvie Wasniewski

    Depuis quelques années j’ai l’occasion d’animer en partenariat avec Odile Grippon, des ateliers intitulés "Jeu et rire dans la relation éducative" dans des écoles de travailleurs sociaux de la région parisienne. Dans le descriptif, il est question du personnage du clown... En réfléchissant à la teneur de cet article sur les effets d’une formation par le clown, il m’a semblé nécessaire d’aborder la question d’une formation par le jeu et de trouver ou retrouver sa fonction vitale. "Le désir de jouer est inscrit au plus profond de l’instinct de vie."(BOUCRIS, L.) Pas n’importe quel jeu bien sûr, celui de cette capacité à se mettre en jeu, à entrer dans le jeu, à jouer le jeu, indispensable à l’acteur pour faire exister son clown. Ce qui permettra ensuite au travailleur social de sentir parfois son clown présent dans sa façon d’être.
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  • Nos ressources sont à l’intérieur de nous

    Des ateliers clown en formation professionnelle

    par Daniel Berret

    Hier, j’intitulais mes formations "découverte de son clown". Aujourd’hui, je les baptise plutôt "développement du potentiel relationnel et créatif de la personne à travers le clown". Je propose des exercices issus de l’approche du clown de théâtre, des arts martiaux, de la médiation et gestion des conflits, de la relaxation, de la sophrologie, de l’expression corporelle… (à ma grande surprise, j’ai parfois retrouvé les mêmes exercices dans plusieurs de ces disciplines, il n’y a que l’intitulé qui change, exercices dont nous retrouvons la trace dans certaines civilisations anciennes). J’interviens principalement dans de grandes écoles (de commerce, d’ingénieurs, université), des centres de formation de travailleurs sociaux (éducateurs, assistantes sociales...), des associations professionnelles (professions libérales, thérapeutes…) et, plus rarement, des entreprises. Les principales demandes s’articulent autour des thèmes suivants : séminaires d’intégration (en début de scolarité), connaissance de soi, séminaires de créativité, de développement des capacités relationnelles et managériales... En fait, les multiples facettes du jeu du clown permettent de couvrir un large spectre de notre espace intérieur.
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  • Pitié ! Laissez moi vivre !

    par Bertil Sylvander

    Ne me forcez pas à dire des choses ! Ne me demandez pas de résoudre vos problèmes ! Ne me sollicitez pas pour améliorer le plan marketing de la confiture "Dame Jeanne" ! N’attendez pas de moi que j’améliore, par ma seule présence, la cohésion de l’équipe X, que j’apaise les conflits internes de la succursale Y ! Pitié ! Je n’y connais rien, à tout ça ! Là où je m’épanouis, c’est quand vous me faites confiance, quand vous me lâchez la grappe, quand vous me regardez jouer, quand vous respectez mes minutes obscures, quand vous épargnez encore un peu ce que j’ai de fantasque et que vous assistez, confiants, à l’émergence d’une parole singulière, étonnante et juste, dans lesquelles vos frères humains se reconnaîtront. Mais je n’aurai pas fait exprès ! Et ni vous non plus, d’ailleurs. Dans ce pari mystérieux (et pour vous risqué), vous m’aurez donné vos impressions, vos sentiments, vos désirs et vos craintes, et moi, je vous aurai entraîné là où ça me chante, là où je suis libre. Là où vos auteurs et rédacteurs de Culture Clown verront peut être des effets ! un "effet clown" ? Qu’est ce que j’en sais, moi personnellement ? Signé : illisible (Aux bons soins de Bertil Sylvander)
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  • Se laisser surprendre par soi-même

    Stages de clown pour dirigeants d’entreprise

    par C. Kohler

    Depuis une quinzaine d’années, j’anime des stages de formation au jeu du clown de théâtre dans les entreprises, les organisations et les institutions. Ils s’adressent à des dirigeants, des cadres, des managers, des formateurs, des enseignants et des étudiants de grandes écoles. Le clown est pour eux un passeur, un médiateur entre soi et soi. En improvisant et en se confrontant au jeu du clown de théâtre, ils comprennent qu’être à l’écoute de l’autre demande d’être d’abord à l’écoute de soi. Pour pouvoir entendre et comprendre ce que l’autre ressent, il est avant tout nécessaire de pouvoir entendre et comprendre ce que l’on ressent soi-même.
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  • L’effet clown, l’effet Clownenroute

    Pratique artistique et institutionnelle dans le secteur du handicap mental

    par Frédérique DESSINGE, Mélanie KERLOCH,Claire TESSIER

    Clownenroute propose des ateliers et des stages de clown-théâtre, principalement à des personnes présentant un handicap mental et venant d’établissements spécialisés. Notre postulat de départ est que toute personne a des ressources émotives, expressives et imaginaires. Clownenroute est né d’une question : dans notre département (le Lot et Garonne), quels sont les espaces dans lesquels les personnes handicapées peuvent exprimer leurs ressources ? Nous avons voulu ouvrir un espace avec un autre objectif que la reproduction d’un modèle afin que chaque personne puisse essayer de s’autoriser à être, à jouer avec ce qu’elle est et, au travers du clown, à le décaler. Nous avons pensé que le dispositif de clown-théâtre, tel que l’école du Bataclown l’a développé, permettait à chaque personne de se connecter à ses propres ressources et de les donner à voir, caché derrière ce nez rouge pour mieux se démasquer. Il nous semble difficile d’écrire sur notre pratique en distinguant de manière catégorique, l’effet clown et l’effet Clownenroute. Il est vrai que les objectifs de notre action s’appuient sur le clown comme médiation et non comme une finalité. Nous énoncerons une série d’effets qui sont le fruit de la pratique artistique du clown ou de la pratique institutionnelle de Clownenroute, et qui concernent la personne actrice clown, la création de liens sociaux, et ses conditions de vie.
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  • Paroles d’acteurs clowns “intérieurs”

    Recueillies par Lili PICOT

    Témoignages recueillis spontanément auprès de la Cie Les Pot’âgés. (Atelier de la Maison de Retraite Spécialisée de Valence d’Agen "Las Canneles"). Je les rencontrais pour la toute première fois lors d’une semaine de travail de Clownenroute. Merci du fond du cœur à toute l’équipe de Clownenroute et à tous les acteurs clowns intérieurs que j’ai rencontrés (j’indique leur prénom ainsi que leur nom de clown entre parenthèses).
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