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Allumer l’imaginaire pour accoucher d’histoires signifiantes

Interview Rosine Rochette

par Sylvie Wasniewsky

Quel plaisir et quel honneur de rencontrer Rosine Rochette. Je l’écoutais, captivée, retracer son parcours, ses rencontres, évoquer Ariane Mnouchkine comme une vieille copine, se questionner à haute voix sur l’enjeu du travail du clown : "Qu’est ce qui m’a amené à trouver ce strip-tease clown pour accoucher d’histoires intéressantes qui sortent de l’ordinaire, qui soient plus "dangereuses", je ne sais pas si c’est le mot, mais qui soit plus signifiantes, qui sortent de l’anecdotique finalement ? Le risque du clown, c’est de tomber dans l’anecdotique, le comique pour être comique, dans le "tac au tac", où ce sont l’agilité et tous les stéréotypes qui nous entourent qui sont livrés. Comment échapper à ce risque ?" …et affirmer ses positions à la fois théâtrale et gestaltiste, dans sa passion pour les clowns. Nous avons passé du temps autour du magnétophone et voici sa parole, retravaillée avec elle et restituée ici.

Ariane MNOUCHKINE et "Les clowns" (Théâtre du Soleil) par Rosine ROCHETTE - Extrait d’un texte publié en1992 dans le N°96 de la revue Pratiques corporelles Ariane Mnouchkine eut l’intuition de procéder à un grand nettoyage dans notre relation entre comédiens de la compagnie et dans la forme de notre travail en nous proposant de créer un spectacle entièrement issu de nous-mêmes, dont le style de jeu serait le clown. Aucune base de texte écrit si ce n’est nos propres "impros", enregistrées, retranscrites et retravaillées ; les options, le sens du spectacle apparaîtraient au fil du travail. Donc "impros", "reprises d’impros", mise en scène pour aller jusqu’au public. En fait, ce personnage de clown à trouver en chacun de nous, serait un porte-parole qui allait nous permettre d’exprimer, de crier ce que nous n’arrivions pas à nous dire en évitant le psychodrame, l’introspection, les lavages de linge sale et les éternelles discussions où la création passe à l’as.